”La petite rue obscure, flanquée des deux côtés d’hôtels aux petits vestibules voilés abritant un laborieux trafic. Deux hommes passent, apparemment intéressés et qui dévisagent les filles, qui les soupèsent, qui les déshabillent du regard”.*
Ce qui fait unanimité c’est le lieu, propre à tous les fantasmes et toutes les inquiétudes. Continue Reading →
Plus loin encore, c’est le plus Montmartrois des Américains qu’il faut interroger: Henri Miller. ”Miller renifle la rue, les rues de Montmartre”, relate Anaïs Nin. ”Il court le nez à terre, plus attiré par les ordures que par le reste, un piéton de Paris déchaîné, survolté”.
Pour Céline c’est une obsession, pour Miller c’est la fin d’une époque libre et heureuse. ”Encore un jour à vivre avant la débâcle. Un autre jour!… Là-haut sur la haute butte de Montmartre, les grands chevaux de pierre rongent silencieusement leur frein.”* Continue Reading →
Carco est à peu près le seul à signaler la présence de quelques Corses, d’autant mieux observés que Carco était Corse lui-même, probablement introduit dans le milieu des souteneurs. Continue Reading →
”Sur le terre-plein désert, ces bandes de jeunes ouvriers dont toute l’adolescence en désordre est dans les lacets mal noués qui sautillent sur leurs cous-de-pied, revenant du plaisir (ils) rentrent à leurs logis en marches forcées. Leurs vestons très cintrés, posés comme une sorte de cuirasse ou carapace fragile, protègent la naïveté de leurs corps; par la grâce de leur virilité encore aussi légère qu’un espoir, ils sont inviolables par Divine”* Continue Reading →
La fête est finie. La fuite de ses principaux acteurs déclenche ou accentue la nostalgie du passé, une certaine tristesse dans la description de la fête. Cette société raffinée du plaisir ressemble à celle d’avant la première guerre qui, elle-même ressemblait à celle du Montmartre des débuts. Elle en est une survivance et vient retrouver de vieux souvenirs. Continue Reading →
Le renouvellement et l’accroissement de la pègre montmartroise résultent aussi de l’afflux de population provinciale dans l’après-guerre qui n’appartient pas au monde criminel, mais qui, souvent, finira par y tomber. À ces premiers effectifs s’ajoutent bientôt deux autres catégories de jeunes: les enfants de divorcés de l’après-guerre et les enfants de l’Assistance publique*. Continue Reading →
Le plaisir sur le boulevard, c’est un produit à vendre. L’après-guerre démarre en fanfare. Sans connaître exactement l’auteur de cette expression, cette période sera baptisée: les années folles*. L’épithète convient parfaitement à la frénésie qui s’empare de Montmartre. Continue Reading →
Les malfaiteurs étrangers occupaient la première place dans la criminalité. ”Pour la plupart des Orientaux, des Levantins ou des neutres, munis d’ailleurs de permis de séjours réguliers”*. Continue Reading →
La délinquance se définit par rapport aux normes sociales en vigueur dans une société et une culture données. Le terme ”pègre”, utilisé dès le milieu du XIXème siècle, est un mot que l’on crachait, comme une insulte. Les journalistes attentifs aux bas-fonds parisiens parlèrent de ”milieu”. Continue Reading →
Point de départ d’une nouvelle étape de ce récit. En ce début du XXème siècle apparaît ”le romancier montmartrois”: Roland Dorgelès. Il s’installe à Montmartre et mène une joyeuse vie avec ses amis Carco et Mac Orlan. Ensemble, ils donnent une autre image de Montmartre. Continue Reading →
Le cambrioleur mondain intervient dans les faits divers de ce site privilégié de la fête. Une dizaine d’années avant l’Arsène Lupin de Maurice Leblanc, on assiste à l’apparition des cambrioleurs mondains dont le soudain développement est en relation avec les splendeurs de Blanche et de Pigalle. Continue Reading →
Avec la déclaration de guerre, en quelques heures, la fête est finie, une autre commence.* Continue Reading →
Plus que les ”femmes”, la pègre du quartier, durement éprouvée par la mobilisation de la Grande Guerre, reconstitue ses effectifs. Les anciens, pour la plupart toujours au front, viennent en permission. ”Quatre civils étaient attablés avec des militaires. On parla des ennuis du métier, des avantages qu’ils auraient à déserter.”* Continue Reading →
Grâce à l’installation de l’Hippodrome, désormais, du square d’Anvers à la place de Clichy, le décor de la fête n’est qu’un parcours de lumière et de bruit: des théâtres pour tous les goûts, pour rire, pleurer ou frémir de peur, des programmes qui changent régulièrement, des cafés-concerts et des music-halls, des bals, des cabarets littéraires, le cirque Médrano, et à partir de 1907, des cinémas. Continue Reading →
Pourtant, on se demande où étaient passés les malfaiteurs français, leur activité était moins grande, à Montmartre, que celle des nouveaux venus.
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Le Sacré-Cœur, symbole géographique, fonctionne sur le même registre que les monuments mégalithiques*, comme eux, il a pour origine, la religion, le mythe, le pouvoir, la guerre**. Continue Reading →
Cette église est le bâtiment le moins éclairé à l’intérieur des monuments parisiens. Il n’y a aucun arrière-plan préparé, mais des murs aveugles qui vous cernent de toutes parts, la disproportion des hauteurs donne le sentiment d’un espace exigu, sans ampleur et sans charme.
Autre classique du genre, l’assassinat, dont les coupables sont des personnages élégants: chapeau melon, pardessus, souliers vernis, fine moustache, un doux parler, de bonnes manières, de la gentillesse, du charme. Continue Reading →
Pendant trente ans, ceux qui se considéraient comme des pèlerins et des adorateurs ont prié dans une église en construction et les touristes ont été à même de percevoir la concrétisation de leur active prière. Continue Reading →
Dans le paysage nocturne de Montmartre, les militaires, surtout les matelots et les légionnaires, ont toujours occupé une grande place avec le danger qu’ils créent, inséparable de leur plaisir. Continue Reading →
Les faits divers de Montmartre confirment l’importance de la violence, mais doivent être replacés dans le cadre du Paris criminel de la fin du XIXème siècle et du début du XXème et comparés à ses principaux décors, le centre et les beaux quartiers, la périphérie et les barrières.
À partir de 1902, lorsque les radicaux arrivent au pouvoir, l’isolement de l’église aboutira à un renversement total de tendance. Montmartre devient la cible des attaques antireligieuses. Continue Reading →
Le peintre Steinlen se positionne comme le tenant d’une tradition qui associe le Sacré-Cœur et la Commune, au profit bien sûr de cette dernière: en 1897, son affiche sert d’annonce à la publication du livre de Zola: ”Paris”, et représente au premier plan, comme sortant d’une mer en furie, une foule qui se tourne vers une femme aux seins nus émergeant des nuages. Au centre se dresse le Sacré- Cœur. Continue Reading →
”Il y a les martyrs, jeunes, beaux et souvent blonds, avec autour d’eux le rayonnement de la nature, les fleurs, l’encens, comme dans une image sainte, comme dans une assomption.”* Continue Reading →
Une pétition du groupe des athées, de l’Alliance socialiste républicaine du Dix-huitième arrondissement et la libre-pensée, demande au conseil municipal de Paris de donner à la rue de la Fontenelle le nom de: De la Barre.* Continue Reading →
Montmartre joue le rôle anciennement dévolu au Palais Royal et les boulevards* ne s’en portent pas plus mal, grâce ou malgré les prostituées innombrables et affairées, aux environs de la porte Saint-Denis. Et les lorettes** qui habitent déjà Montmartre, descendent de la butte en avant-garde, en voltigeuses, pour prêter main-forte. Continue Reading →
Le champ était un terrain de manœuvre pour les rôdeurs et les attaques de passants fréquentes en toutes saisons. Les gens du coin l’appelaient ”le champ” ou la ”clôture”. Continue Reading →
C’est de Montmartre et surtout du versant Est de la Butte qu’il est question, lors des attentats qui marquent le temps de la Terreur noire.* Continue Reading →
Malgré l’avènement du Montmartre du plaisir à proximité des quartiers et malgré son influence que l’on devine, ces trahisons conjugales et ces histoires de jeunes filles qui tournent mal, ces ménages, que les faits divers mettent en lumière, ne diffèrent guère de ceux que décrivait Zola*. Continue Reading →
La Chambre est saisie d’un projet de loi qui tente d’arrêter les travaux de construction de l’église de Montmartre. Continue Reading →
Le comité du Vœu National délibère sur le vœu du conseil municipal de Paris et s’intéresse au projet de loi de Georges Clémenceau. Continue Reading →
La plus ancienne contestation publique est celle du député Eugène Spuller, le 7 juin 1879. Dans une séance sur la réforme de l’enseignement supérieur, ”il qualifie cette pratique d’adorer le Christ, de répugnante”: premier accrochage. Continue Reading →
Premier pouvoir révolutionnaire prolétarien, la Commune de Paris, désavouée à l’époque par la bourgeoisie, même la plus libérale, a été revendiquée depuis par la gauche et l’extrême gauche. Continue Reading →
La réalité, c’était ces crimes, ces victimes, ces coupables que Mac Orlan et ses amis percevaient à peine et transformaient en image poétique. Mais la réalité n’est guère poétique dans le Montmartre de cette époque. Continue Reading →
Dès le début, Lautrec, comme tout le monde, fréquente le Chat Noir, découvre la rivalité de Grille d’Egout et de la Goulue*. Continue Reading →
Plus profondément encore dans la nuit, aux marges extrêmes de La Chapelle et de La Villette, et non moins essentiels à ses plaisirs, les espaces désolés de ce qu’on appelait la zone. Continue Reading →
Les références aux événements du 18mars 1871* se multiplient et bien plus encore, dans la décision d’ouvrir le chantier le 26mai 1876, date qui coïncide avec le cinquième anniversaire de l’exécution des otages de la Commune. Continue Reading →
L’année 1874 est celle du concours de Montmartre et aussi celle de la reconstruction de l’Hôtel de Ville de Paris (les mêmes architectes répondront aux deux consultations). Continue Reading →
Les boulevards continuent d’être le principal théâtre des plaisirs parisiens dans les débuts de la Troisième République, comme ils l’étaient précédemment.
Les chroniques du boulevard jointes aux descriptions des romanciers permettent d’apprécier l’évolution du plaisir dans les lendemains immédiats de l’Empire: à l’odeur terrible des classes populaires succèdent les parfums trop forts des grandes cocottes bruyantes et scandaleuses: les ”Nana” de la Goutte d’Or se métamorphosent en dames pseudo-authentiques qui cachent, derrière leurs éventails, leurs rougeurs de blanchisseuses. Continue Reading →
Dans les six premiers mois de 1872, Monseigneur Guibert consulte en secret et demande à Legentil et Fleury de procéder à divers repérages. Continue Reading →
Alexandre Félix Legentil veut que l’église dédiée au Cœur de Jésus par les Parisiens se construise dans Paris. Pour lui, la capitale est le cadre d’actes contraires à la volonté de Dieu et doit être le lieu de la demande du pardon. Le choix de l’emplacement dans Paris reste du ressort de l’archevêque. Pour l’archevêque de Paris, Monseigneur Guibert, la seule voie possible est la déclaration par l’Assemblée Nationale d’une construction d’utilité publique qui permettrait des expropriations.